Quels critères pour mesurer les impacts sociaux, économiques et environnementaux des choix logistiques ?

CollectivitésGérerDéveloppement Durable

IVANOVA Veronika ; Raiss Yahya ; ACHAHBAR Mohamed

M2 Supply Chain Durable Aix Marseille Université

12/2021

Revue de littérature


Cadre de documentation

Contribution Etudiants M2 Supply Chain Durable Aix Marseille Université
Les_indicateurs_environnementaux.docx (1.1MB) L’ASLOG (Association française de la supply chain et de la logistique) définit la logistique comme "l'art et la manière de mettre à disposition un produit donné au bon moment, au bon endroit, au moindre coût et avec la meilleur qualité".
Une autre définition nous explique que « La logistique, c’est planifier, exécuter et maitriser les mouvements et les mises en place des personnes ou des biens, ainsi que les activités de soutien liées à ces mouvements et ces mises en place, au sein d’un système organisé pour atteindre des objectifs spécifiques ».
A travers ces définitions, nous constatons que la notion de transport est fondamentale au sein de la logistique. Malheureusement, et nous allons le démontrer, le transport est l’une des activités les plus génératrices de Gaz à Effets de Serre (GES), et donc de pollution atmosphérique.

Le rapport sur l’état de l’environnement en France émis par le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire en 2019, nous informe qu’en 2017 l’ensemble des transports représentaient 31% des GES. Au sein de ces émissions, les véhicules lourds représentent 23% du sous-totale alors même qu’ils ne représentent qu’un vingtième de la circulation.

Au regard de ces informations alarmantes, il est nécessaire d’agir dans le sens du développement durable. Mais comment mesurer les impacts des choix logistiques sur ce dernier ?

Pour tenter de répondre à cette problématique, nous allons nous intéresser aux travaux de J. Gonzalez-Feliu et J. Morana, qui nous proposent quelques indicateurs d’efficacité organisationnelle vu sous l’angle du développement durable (en se basant sur le travail doctoral de Montebello).
Parmi les indicateurs économiques nous retrouvons :
  • le chiffre d’affaires
  • la croissance du profit net
  • la marge nette ou encore le rendement des actifs.

En ce qui concerne les indicateurs environnementaux nous retrouvons :
  • l’instabilité de l’environnement
  • la pollution de l’environnement.

Pour finir, dans les indicateurs sociaux nous pouvons retrouver :
  • la clarté des définitions des tâches de productions,
  • le degré de participation des managers dans la planification,
  • la qualité de la direction générale,
  • la qualité des emplois,
  • la satisfaction des salariés ou encore le taux d’absentéisme.

Mais ces derniers ne sont pas suffisants, bien que pouvant parfaitement faire partie d’un tableau de bord, nous avons besoins d’indicateurs propre à l’activité logistique permettant de mesurer les effets de cette activité sur le développement durable.
Ainsi toujours au travers des trois segments du développement durable (Économique, sociale/sociétale, et environnementale), et toujours en se basant sur les travaux de J. Gonzalez-Feliu et J. Morana, nous allons donner des indicateurs transversaux. Ces derniers permettent de gérer le bon fonctionnement de l’activité logistique, tout en nous permettant d’avoir un regard (et d’agir par la suite) sur les impacts environnementaux.

Économique


Taux de parcours en charge


Nous devons savoir qu’il est important de connaitre l’évolution des chargements moyens car cela nous permet d’apprécier dans un premier temps un des facteurs de productivité du transport routier de marchandises et son impact sur les coûts, puis dans un deuxième temps de comprendre les évolutions qui concernent respectivement, la circulation des poids lourds et les flux de transports de marchandises en tonnes/Km transportées.

Nous pouvons prendre en compte les chargements moyens des véhicules routiers sur les parcours en charge seulement, comme nous pouvons considérer l’ensemble des parcours, et donc les parcours à vide y compris.
Le choix des calculs se fera dépendamment des objectifs recherchés, mais il faut souligner que le chargement moyen sur le total des parcours permet de connaitre plus facilement le lien avec la circulation.

Pour calculer le taux de parcours en charge dans le transport, nous pouvons adopter la formule ci-dessous :
Taux de remplissage = (Charges transportées x Nb de Km en charge / Charges utiles x Nb Km parcourus)x100

Taux de service


En ce qui concerne les calculs du taux de service, nous devons prendre en considération trois catégories de calculs.

La première liée aux métiers de livraisons, se calcule comme suit :
Taux de service (métier 1) = (Nombre de commandes livrées / Nombre total des commandes)x100
Taux de service (métier 2) = (Nombre de commandes livrées à temps / Nombre total des commandes)x100

La deuxième catégorie intéresse les plateformes, plus exactement tout ce qui est lié à la capacité de la plate-forme à traiter et affecter toutes les demandes, cette deuxième catégorie est calculée sur la base de la formule suivante :
Taux de service (plate-forme) = (Nombre de commandes affectées à un transporteur / Nombre total des commandes)x100

Enfin, la troisième catégorie concerne le NTIC, cette dernière met en avant la connaissance du bon traitement de toutes les transactions et se calcule comme suit :
Taux de service (NTIC) = (Nombre de transactions effectuées / Nombre total des transactions)x100

Nous pouvons conclure que le taux de service en général se calcule en passant par trois catégories majeures, mais si l’entreprise est intéressée que par une ou deux de ces catégories, cette dernière a le choix d’adapter ses calculs en se basant sur les objectifs recherchés par rapport à cet indicateur.

Taux de remplissage des entrepôts


La gestion d’un entrepôt nécessite une responsabilité et un jeu d’équilibre, et donc, prendre les bonnes décisions tout en faisant face aux soucis quotidiens qui peuvent subvenir quotidiennement. Il faut maintenir une efficacité optimale, effectuer des commandes, respecter des délais et les budgets, tout en veillant à la sécurité des travailleurs.

Le taux de remplissage d’un entrepôt permet de définir le pourcentage d'espace disponible dans ce dernier, pour pouvoir connaitre le taux de remplissage d’un entrepôt, nous pouvons adopter la formule ci-dessous :
Taux de remplissage (entrepôt) = (Volume total entreposé / Volume total disponible)x100

Nous considérons généralement qu'un taux de remplissage de 80% est un bon objectif.

Taux de consommation d'énergie fossile


De nos jours, les énergies fossiles tel que le charbon, pétrole ou le gaz… demeurent indispensables pour assurer les transports, l’accès à l’électricité, les chauffages ou encore le fonctionnement des usines…
Nous savons aussi que ces énergies font partie des causes principales des émissions de CO2 et leurs réserves, même si elles sont encore vastes, ne sont pas inépuisables, contrairement aux énergies renouvelables.
Une énergie fossile est une énergie produite suite à la combustion du pétrole, du charbon, ou encore du gaz naturel. Ces combustibles sont riches en carbone et en hydrogène, et sont issus de la transformation de matières organiques enfouies dans le sol durant des millions d’années, d’où le terme « fossile ». Il faut souligner que ces énergies sont non renouvelables puisqu’une fois utilisées, elles ne se reconstituent qu’à l’échelle des temps géologiques.

Dans le mix énergétique, les énergies fossiles représentent actuellement plus des trois quarts de la consommation mondiale d’énergie primaire que ce soit dans les transports, l’industrie ou l’habitat.
Il ne faut pas oublier aussi que le charbon reste la première source de production d’électricité par son abondance et son faible coût, mais le processus de transformation demeure très émetteur de gaz à effet de serre.
Un bon nombre de techniques permet de limiter les émissions de polluants liées à l’usage du charbon et de se pencher vers un « charbon propre », mais la mise en œuvre de ces techniques nécessite beaucoup de temps, et reste très couteuse.

Pour le pétrole et le gaz, ils existent depuis quarante ans au cœur de la géopolitique mondiale. Cette dernière influence fortement sur l’évolution du cours du baril de pétrole.
Toute énergie suit un processus de transformation pour qu’il y est une conversion vers une autre énergie, c’est des lois de physiques auxquels obéit tout rendement énergétique, et donc au cours de ce processus de transformation, souvent nous trouvons qu’une partie de l’énergie utilisée au départ, se perd et se disperse, c’est la définition de ce que nous appelons, l’énergie dissipée.

Pour conclure, l’énergie se trouve au cœur de toute vie sur Terre, dans son état brut, nous pouvons la retrouver dans diverses manifestations (la lumière produite par le soleil, le vent, les courants marins…). Pour qu’elle puisse être exploitable par l’homme, l’énergie se doit de passer par un processus de transformation.

Rappelons que l’énergie se mesure en joules (J), la formule du rendement énergétique s’exprime ainsi :

Rendement énergétique = (énergie utile (J) / énergie consommée (J)) x 100

N.B : Nous multiplions par 100 toutes les formules citées précédemment pour avoir les rendements et les résultats en pourcentage.


Environnementale

  • - Émissions de CO2
  • - Émissions de CH4, CO
  • - Émissions de NOx
  • - Gain en nombre de camions utilisés
  • - Taux de recyclage
  • - Taux de nuisances sonores au lieu concerné

Sociale/Sociétale

  • - Taux de fidélité transporteurs
  • - Taux de fidélité chargeurs
  • - Conformité aux règlementations
  • - Taux des délits
  • - Taux des accidents
  • - Taux des victimes
  • - Taux de bruit en ville
  • - Taux de satisfaction de la population locale par le réseau du transport


Bien évidemment, ces indicateurs doivent être intégrés dans un tableau de bord efficace, et utilisable concrètement. Ainsi, en se basant sur les travaux de Michael K. Allio, nous allons succinctement donner des recommandations afin d’utiliser nos indicateurs .
Parmi eux, le fait d’inclure les collaborateurs dans la création d’un tableau de bord au désigne équilibrer, aux mesures transversales et aux objectifs précis, pour accroitre le sentiment de reconnaissance et de responsabilité des équipes.
Aussi, le fait d’utiliser des indicateurs simples et compréhensibles par tous, et insister sur le fait que faire peu et bien est mieux qu’en faire trop. Insister sur le contexte et l’environnement de l’entreprise lors de la construction du tableau de bord et lors de l’implémentation des indicateurs dans le dit tableau.
S’engager à construire un management performant et une culture de la « prise de mesure » dans l’entreprise. Et pour finir, faire en sorte que, bien évidemment, le tableau de bord soit certes pratique, mais qu’il sera amené à changer et évoluer.

 Table des matières

Sources

1. O. GODARD, Le développement durable : paysage intellectuelle, p.310.
2. World Commission on Environment and Development, Our Common Future, p.16.
3. faq-logistique.com, définition de logistique selon l’ASLOG.
4. PIPAME (Pôle Interministériel de Prospective et d’Anticipation des Mutations Économiques) et CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), 2009a.
5. Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, Rapport sur l’état de l’environnement en France, 2019, p.169.
6. Intergovernmental Panel on Climate Change, Climate Change 2021 The Physical Science Basis, p.17. 7. J. Morana, J. Gonzales-Feliu, Comment mesurer la performance durable d’un système de mutualisation des livraisons ?, p.4.
8. J. Morana, J. Gonzales-Feliu, Comment mesurer la performance durable d’un système de mutualisation des livraisons ?, p.7-9.
9. Michael K. Allio, Strategic dashboards: designing and deploying them to improve implementation.

Contributeurs

Aspect thématique lié à cette question

Environnemental

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