Comment définir son modèle de facturation/son offre de service et ses prix (stockage, préparation de commandes, transport…) (grille tarifaire) ?


Votre réponse à la question (attention à bien citer vos sources !!)

Cette contribution s'inspire des travaux conduits à Marseille par les membres de l'association Livrazou (plateforme de mutualisation logistique pour la distribution alimentaire urbaine et la collecte des co-produits en flux inverses).


Pour définir le modèle de facturation de Livrazou, nous avons commencé par définir le périmètre de son offre logistique (quels flux se propose-t-on ou est-on en capacité de gérer ?) et les activités associées qui vont consommer de l'espace et des moyens (stockage en frais ou en sec, préparation de commandes avec ou sans décolisage, préparation des commandes en vrac, livraison à des horaires spéciaux, gestion des flux retours, etc.).

Nous avons distingué 4 segments de clients pour la distribution alimentaire :
- Les acheteurs professionnels (restauration collective, restauration commerciale, épiceries...) : commandent des palettes qui seront montées par agrégation de colis (un colis = une unité de manutention logistique, ex. : un pack de 25 kg de farine gérable d'un bloc).
- Les particuliers en groupements d'achats : commandent des paniers composés de différents morceaux de colis, ce qui nécessite des opérations de décolisage et un assemblage sélectif des denrées selon la commande du client.
- Les particuliers en groupements vrac : commandent des denrées en vrac. Les quantités commandées par tout le groupement (ex. : 21 kg de sucre) sont livrées dans un lieu central où les personnes s'organisent pour assurer la répartition entre familles (5 kg l'une, 3 kg l'autre...).
- A terme, les stuctures de justice sociale : collectent des denrées alimentaires données (ex. : surplus ou invendus des PMS) et distribuent des repas solidaires à des familles en situation de grande précarité.

De plus, nous avons intégré :
- Les structures de l'économie circulaire : gèrent les invendus/résidus/emballages (ex. : fruits et légumes abîmés, matières organiques compostables, vaisselle sale, emballages carton...) pour leur donner une seconde vie. Ces matières, lorsqu'elles sont collectées en flux inverse (retour entrepôt), peuvent être utiles pour optimiser les tournées des livreurs.
- Les structures intéressées par de la mutualisation de bureaux ou d'espaces dans l'entrepôt (ex. : stockage de denrées ou de biodéchets).

Pour chaque segment de clients et chaque offre de service, nous avons déterminé une unité de tarification (au m² stocké, à la palette montée, au panier préparé, à la course, au poids/volume déplacé/à la distance parcourue...) et une grille tarifaire pour chaque prestation. Cette dernière est issue d'un calcul estimatif de coûts, d'un tour d'horizon des pratiques du métier et d'une validation de l'attractivité des tarifs par des professionnels.

A noter que Livrazou a décidé de se concentrer dans un premier temps sur la professionnalisation de la gestion de l'entrepôt et de recourir en prestation à des livreurs (commissionnement de chauffeurs ou de coursiers à vélo). A terme, une partie du transport pourra être internalisée, même si tout l'enjeu d'un travail à l'échelle territoriale consiste à penser l'interopérabilité des données entre différents opérateurs logistiques de la ville pour penser globalement les flux (ne pas vouloir tout internaliser mais fonctionner en réseau).

Grille tarifaire de Livrazou en cours de consolidation : sur ce lien.

Cette contribution s'inspire des travaux conduits par l'entreprise ESScale à Quissac dans le Gard (entreprise spécialisée dans l'achat revente de produits bio en circuits courts).

Il s'agit dans son cas d'une entreprise grossistes qui effectue de l'achat-revente dans une démarche de relocalisation alimentaire agroécologique. Gérardo contacte directement des producteurs en agroécologie, constitut un catalogue global avec le prix producteur puis y applique une marge et ensuite prend commande auprès des clients (restaurateurs, hôtellerie).

Il est nécessaire d'étudier pour chacun les besoins/charges de sa structure : prêt à rembourser, investissement prévu, objectif de rentabilité élevée… Pour Gérardo une fois son prix de revient calculé (cf. (cf. CommentEstimerLaRentabiliteDuneTourneeDe)), il lui reste le calcul des bénéfices qu'il veut en retirer et donc la marge qu'il va appliquer sur ses devis.
Afin de s'essayer on prend classiquement une marge de 20% (d'après Gérardo : "on prend généralement entre 20 et 30%"), mais il y a d'autres paramètres à connaitre :
  • Le montant de la commande (ou des commandes sur une tournée)
  • Des modalités de frais de ports ainsi que de franco (baisse voire gratuité des frais de port). Cela nécessite une clarté quand à sa zone de chalandise et ce qui n'y appartient pas.

Gérardo Munoz considère ainsi des fourchettes de valeurs de commandes : 50-150€ ; 150-250€ ; 250-300€; >300€
En y appliquant un supplément dégressif de frais de ports de 10 ou 25 € selon si la livraison reste ou pas dans sa zone de chalandise.
Cela lui permet de tirer un chiffre d'affaire sur la tournée /livraison qui lorsque déduit du cout de la tournée (prix de revient) (cf. CommentEstimerLaRentabiliteDuneTourneeDe) permet d'obtenir le bénéfice réel de l'opération.

Pour l'ESScale, il y a un enjeu à réaliser des tournée avec des valeurs suffisamment haute afin qu'il puisse baisser ses Franco tout en restant rentable. C'est une stratégie à double tranchant qui n'est généralement pas pratiquer par les logisticien car si elle permet de rester plus abordable pour les producteurs, il y a un risque de précarisation du logisticien qui peut perdre sa viabilité économique à cause d'un désistement non anticipé.

Cette contribution se base sur le témoignage de Marc Lourdaux pour l'association Echanges Paysans Hautes-Alpes (EP05)

EP05 gère au plus fin ses coûts en réalisant en interne l'acheminement des produits livrés dans les Hautes-Alpes qui rentrent dans leur camion 3,5t et en sous-traitant pour les volumes supérieurs (STEF = semi-remorque 19t). La sous-traitance transporteur est par ailleurs systématique pour les livraisons dans les communes du sud de la Région.Le coût de la logistique ramené au prix de vente des produits de faible valeur (fruits et légumes) est élevé et nécessite, soit une massification suffisante des volumes, soit une compensation par la gestion conjointe de produits de plus forte valeur (viande, fromages...). En effet, à volumes équivalents, les valeurs monétaires sont très différentes (souvent un facteur 3-5). Si avec les volumes en semi-remorque, la rentabilité des fruits et légumes est faible, cela se ressent encore plus avec le camion d'EP05. Il y a donc un réel enjeu dans l'équilibrage du coût logistique entre les différents produits afin qu'EP05 ne travaille pas à perte ni n'affiche des prix rédhibitoires. Concrètement, en moyenne pour un produit à faible valeur, EP05 va appliquer une marge de 26% sur le prix d'achat aux producteurs alors que pour un produit carné avec une forte valeur au kilo, la marge sera de l'ordre de 18%. Cette marge globale doit couvrir à la fois les coûts logistiques mais également le fonctionnement du service commercial. Ainsi la diversité d'un même catalogue est une réelle force, elle permet de construire des chargements plus rentables.EP05 possède un atout supplémentaire au travers de son partenariat avec le réseau Biocoop Restauration. Cette alliance avec un partenaire « circuits longs, bien choisi » élargit encore les gammes pour les clients et le panier moyen de commande. Cela génère aussi une économie sur les frais logistiques, globalement pour Echanges Paysans, car une partie de ces commandes sont livrées directement par transporteur, depuis la plateforme logistique Biocoop jusqu'à nos clients.



Réponses complémentaires



Volet thématique associé à la question Économique
Niveau de réalisation de la documentation de cette question Question relue et validée